Construction d’une méthode rapide d’évaluation des fonctions des zones humides
Construction d’une méthode rapide d’évaluation des fonctions des zones humides
La règlementation française concernant la réduction des impacts sur les zones humides a été renforcée depuis 2009, avec des compensations maintenant exigées pour les impacts sur les fonctions d’habitat, les fonctions hydrologiques et biogéochimiques réalisées par les zones humides. Dans un contexte semblable, des méthodes d’évaluation rapides ont été développées aux USA pour évaluer les fonctions des zones humides. Une analyse de ces méthodes a démontré qu’elles ne sont pas applicables en l’état sur les zones humides françaises. Une méthode d’évaluation rapide des fonctions des zones humides est donc actuellement développée pour évaluer les fonctions des zones humides d’eau douce (2012-2015). Ce projet est réalisé par le Muséum National d’Histoire Naturelle, le bureau d’études Biotope, l’IRSTEA, l’université Joseph Fourier de Grenoble et l’université François Rabelais de Tours ; avec pour partenaire financier l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques et le conseil général de l’Isère.
La nouvelle méthode développée est principalement basée sur l’approche hydrogéomorphologique de Brinson, qui émet l’hypothèse selon laquelle les fonctions réalisées par une zone humide dépendent en premier lieu de ses caractéristiques hydrologiques et géomorphologiques. Des informations sur le fonctionnement hydrologique de la zone humide, son paysage, sa pédologie ou encore sa biodiversité sont exigées pour mettre en œuvre cette nouvelle méthode. Les informations requises sont récoltées en utilisant des référentiels nationaux sur Système d’information Géographique et grâce à des relevés sur le terrain (à peu près 0,5 jour sur le terrain/zone humide évaluée). Un ensemble d’indicateurs est proposé pour réaliser le diagnostic des caractéristiques fonctionnelles d’une zone humide par fonction (par exemple l’accomplissement de cycles biologiques, la rétention des nutriments, la décharge d’eau souterraine…). Les indicateurs sont proposés sur la base de connaissances scientifiques existantes entre un fait observé sur le terrain et une fonction. Cette nouvelle méthode fournit un diagnostic fonctionnel que l’on peut considérer comme une vue large et intégratrice de fonctionnement des zones humides ; ce qui paraît à la fois élémentaire et crucial dans le cadre de la mise en œuvre de la séquence Eviter-Réduire-Compenser. Ce sera aussi utile pour les gestionnaires impliqués dans l’évaluation ou la conception de projets de restauration, par exemple pour identifier quelles caractéristiques fonctionnelles affectent une fonction donnée.
La version finale de la méthode sera disponible fin de 2015. Des résultats préliminaires montrent qu’elle est applicable dans un contexte varié mais avec des restrictions pour comparer plusieurs zones humides (nécessité d’être dans le même système hydrogéomorphologique, d’avoir les mêmes écosystèmes,…). La mise en œuvre de cette méthode montre la complexité du fonctionnement des zones humides et les limites de la compensation.
Marais de Saint-Agnan – FMA
Contacts et coordination du projet :
Guillaume GAYET et Geneviève Barnaud
Evaluation des fonctions des zones humides
Recherche et développement sur les zones humides
Muséum National d’Histoire Naturelle
Service du Patrimoine Naturel
36 rue Geoffroy Saint-Hilaire
75005 Paris