Le marais Audomarois est la plus vaste zone humide du Pas-de-Calais (35 km2). Il abrite notamment la Réserve Naturelle Nationale du Romelaëre, haut-lieu de la biodiversité régionale, gérée par le syndicat mixte EDEN 62, outil technique du Département du Pas-de-Calais pour la gestion des Espaces Naturels Sensibles.
Cette zone tourbeuse a commencé à être exploitée par l’Homme à partir du VIIe / VIIIe siècle. Des aménagements de chenaux, des creusements de rivières et de fossés, des créations d’étangs et de digues, ont permis le développement des échanges par le transport fluvial, la culture maraîchère, l’exploitation de la tourbe, la pêche et bien d’autres activités.
Le marais Audomarois reste aujourd’hui une importante zone de production légumière et ses paysages, son histoire et sa biodiversité attirent de nombreux visiteurs. Son patrimoine est reconnu et protégé par de nombreux outils comme la Réserve de Biosphère, le label RAMSAR, le réseau Natura 2000, les réserves naturelles régionales et nationales, les espaces du Conservatoire du Littoral et les espaces naturels sensibles.
Le syndicat mixte Eden 62 gère quatre espaces naturels sur le territoire, dont la Réserve naturelle nationale des Étangs du Romelaëre. Ces sites naturels sont propriété du Département du Pas-de-Calais ou du Conservatoire du littoral. Ils sont constitués d’étangs, de fossés, de prairies humides, de roselières et de boisements humides.
Des suivis ornithologiques réguliers y sont mis en place depuis une trentaine d’années. Il s’agit, entre autres, de suivis des oiseaux d’eau standardisés, réalisés tous les dix jours.
A l’occasion de ces suivis, Clément Héroguel, garde nature ornithologue d’Eden 62, a pu faire deux observations remarquables en novembre et décembre 2023, période qui a été fortement perturbée par la tempête Ciaran, suivie d’inondations de grande ampleur.
La première est celle d’un Océanite culblanc. L’espèce a été observée sur le site du Grand Bagard, à l’est du marais Audomarois. Malheureusement il s’agit d’un individu mort, dont un Butor étoilé était apparemment en train d’en vouloir faire son repas, ce qui a attiré l’œil de Clément !
L’Océanite culblanc est une espèce d’oiseaux pélagiques, qui passe l’essentiel de son existence en pleine mer et ne revient à terre que pour nicher, généralement sur des petits îlots. Ses sites de nidifications les plus proches du nord de la France sont situés en Écosse. Classé Vulnérable par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), il est classiquement menacé par la présence d’espèces férales (chats et rats en particulier) sur ses sites de reproductions.
Lors des fortes tempêtes automnales, les oiseaux vivant en haute mer sont poussés sur les côtes et parfois jusque dans l’intérieur des terres. C’est probablement la dépression océanique Ciaran du 2 novembre avec ses vents soutenus à 120 km/h qui a propulsé cet Océanite culblanc jusque dans l’audomarois. Cette observation n’est pas un cas isolé puisqu’une dizaine de sites continentaux ont aussi été fréquentés par cette espèce dans la première décade de novembre 2023.
La seconde observation a eu lieu sur la réserve naturelle du Romelaëre en décembre : il s’agit d’un Plongeon imbrin.
Cet oiseau appartient à la famille des gaviidés, avec les deux autres espèces classiques de Plongeons que sont les Plongeons catmarin (Gavia stellata) et arctique (Gavia arctica). Il niche en Islande mais surtout autour des grands lacs d’Amérique du Nord. Les deux autres espèces de Plongeon ont eux une répartition plus circumpolaire. On notera que le Plongeon catmarin a déjà été observé sur la réserve du Romelaëre en 1983 et 1988.
Lors des migrations automnales et en hiver, le Plongeon imbrin est régulièrement observé sur les côtes. Il est par contre nettement plus rare dans les zones humides intérieures.
Il s’agit là de la 265ème espèce d’oiseaux rencontrée dans le marais Audomarois !